Coline Ménard

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Vice-championne du monde de longboard. Ce titre prestigieux a longtemps tenu Coline Ménard éveillée. Sacrée en 2009 sur la plage de la Côte des Basques, elle se souvient de ce jour de juillet qui a orienté son existence. « À cette époque, j’enchaînais les entraînements, les stages et les sessions à l’étranger. Je travaillais dur pour y parvenir. Cet été-là, j’étais prête, j’avais confiance dans mon surf. Tout était tellement aligné que j’ai même rencontré Clément qui, depuis, partage ma vie. »

Dans l’eau et en dehors, on remarque Coline pour sa douceur et son humilité. Coline a pour elle l’apparence de la facilité, propre aux personnes qui s’entraînent, tombent et recommencent jusqu’à exceller. Elle pourrait faire passer une session à Saint Leu dans des conditions solides pour une sortie scolaire. La Réunion, justement, tient une place essentielle dans sa vie. Elle en parle avec le regard brillant des histoires qui ont compté. « J’avais 6 ou 7 ans quand j’ai commencé la glisse, en tandem avec mon père sur l’île de Ré. Lorsqu’on a déménagé à la Réunion à mes 13 ans, j’ai pu me mettre plus sérieusement au surf, dans un club. » Une compétition locale après l’autre, Coline débarque sur les championnats de France puis les championnats d’Europe qu’elle remporte en 2008. Durant ces années, son quotidien gravite autour du longboard et de l’idée de progression. L’été 2009 incarne non seulement une consécration mais il marque un véritable virage. Bientôt, Coline s’envolera pour l’Australie. Deux années à surfer Noosa et Byron Bay, des spots exigeants, réguliers, qui lui ressemblent.

« Il me semblait essentiel de me rapprocher de ma passion et de la faire découvrir aux autres en l'enseignant. »

De retour en France, elle s’installe au plus près des vagues, à Capbreton. Elle devient opticienne et pendant 10 ans, travaille comme elle surfe ; avec sérieux sans jamais se prendre au sérieux. En 2023, c’est au nom du mouvement et de l’équilibre que Coline se projette vers un tout autre horizon. « Le confinement m’a fait réfléchir. Je commençais tôt, et quand je rentrais le soir, je voyais mon fils une demi-heure avant son coucher. On a qu’une seule vie alors autant la passer à faire ce qu’on aime avec les gens qu’on aime. Pour ma part, c’est surfer. J’avais simplement besoin de liberté. » C’est pourquoi presque 15 ans après son titre, Coline sera cet été sur les plages de Seignosse à enseigner le surf au sein de la Oxbow Surf School. Une façon de connecter son quotidien à ses valeurs et de privilégier sa qualité de vie. « Je suis consciente qu’être prof de surf ne sera pas de tout repos, surtout en saison, mais il me semblait essentiel de me rapprocher de ma passion de toujours et, d'une certaine manière, de la faire découvrir aux autres en l'enseignant. »

« Surfer avec mon fils de trois ans met un peu la pression mais je retrouve des sensations semblables à celles des compétitions. »

À l’écouter, cette transition n’en est pas une, c’est une continuité. Devenir maman de Roméo en 2019 a radicalement modifié ses priorités. « On a commencé à surfer ensemble en tandem, lui du haut de ses deux ans avec un gilet flottant. Je pensais avoir fait le tour des sensations de glisse et là, j’ai ressenti une nouvelle sorte d’adrénaline. Mon cœur bat la chamade quand je l'entends dire Maman, j’aime trop surfer. » Une fois dans l'eau, c'est une autre histoire, Coline est sur le qui-vive à tout analyser ; le monde, les séries qui rentrent, les vagues à prendre. « J’ai une énorme responsabilité, celle de mon enfant qui ne sait pas nager, qui n'a pas conscience des risques du milieu et qui ne maîtrise rien. Ça met un peu la pression mais je retrouve des sensations semblables à celles des compétitions. Après trois vagues, je suis lessivée comme si j'avais pris trois mètres sur la tête pendant huit heures ! Je me dis que c'est sans doute à ça que ressemble la transmission d’une passion. » Une boucle qui se ferme, une autre qui se crée. De père en fille d’abord, de mère en fils ensuite, chez les Ménard on assiste à une envie inarrêtable de partager ce qu’on aime, de donner envie aux autres d’essayer avec une énergie folle, ce sourire signature et cette générosité.

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Chez Coline et Clément, l’horloge n’indique pas l’heure mais les marées. Tout s’organise autour de la session à venir ou du prochain voyage. Ces deux hivers derniers, la famille a fait démarrer le vieux Hymer de 1996 pour un roadtrip sur les côtes espagnoles, portugaises et marocaines, l’occasion de plonger dans un véritable mode de vie où l’essentiel se passe souvent dehors. « Cette vie sur la route est tellement simple matériellement et enrichissante pour l'esprit. Aujourd’hui, je fais passer mes envies, mes idées, mon bonheur, ma famille et mes proches en premier. » À 35 ans, Coline ne s’interdit rien. En co-fondant l’association Bande de Surfeuses en 2017, elle a notamment tenu à faciliter les rencontres entre surfeuses des Landes. Avec plus de 400 adhérentes chaque année originaires de toute la France, le collectif connait une belle réussite, à l’image de ce que Coline entreprend, sa carrière comme sa vie de famille.

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