Les carnets de voyage de Maribel.
Chapitre 8 : Surf Trip au Mexique
"Arrivée à Puerto Vallarta depuis LAX - aéroport le plus proche de Sayulita - l’humidité et la chaleur saisissent après la fraîche brise Californienne. À la sortie de l’aéroport, nous nous faisons aborder bruyamment par des « Hola ! Taxi ?! », les odeurs de tacos nous caressent les narines mais nous y résistons et filons un peu plus loin attraper un taxi certainement moins onéreux. L'excitation est à son comble, même pas besoin de fermer les yeux pour projeter ce qui m’attend dans ce nouvel endroit et la joie qui l’accompagne...
Sayulita est un petit village, initialement de pêcheurs, un peu isolé et c’est tout à son avantage. La route qui nous y mène traverse d’abord une grande ville puis quelques villages en développement. C’est le bordel mais c’est génial. La configuration de l’endroit me rappelle d’ailleurs un peu l’Inde. Ensuite, tout droit dans la gueule de la jungle. C’est vert et sauvage et, il fallait s'en douter, plus de réseau pendant quelques minutes. Plus loin, des petites échoppes colorées à la suite les unes des autres bordent la route, proposant au passage de délicieux jack fruits et autres « pan de platano »... Puis la jungle à nouveau. Quand on arrive à Sayulita, les yeux s’arrondissent, la bouche s’ouvre et rapidement le sourire se dessine sur le visage. Le village, malgré un tourisme en constante augmentation, reste pittoresque, chaleureux et haut en couleurs. Les rues sont pavées grossièrement et les yeux se posent sur le bleu, le jaune, le rose, les cœurs, les guirlandes multicolores et l’art sur tous les murs, sur toutes les portes. C’est du génie. Les odeurs de tacos et autres spécialités locales chatouillent les narines, la tentation est constante et la lutte, réelle.
Ici, les trois quarts des gens peuvent aller surfer à pied. Le joyaux du village est devant les yeux et étincelle tous les jours : l'incroyable petite droite de Sayulita. Une vague parfaite pour apprendre et progresser mais aussi un paradis pour les longboarders confirmés. Il y a une belle poignée de très bons surfeurs locaux. Les meilleures sessions sont celles du matin, au lever du soleil. Les plus belles, celles du sunset. Il y a pleins de petits spots partout autour du village mais il faudra souvent une voiture pour s’y rendre ! Il faut parfois traverser la jungle pour s'y rendre. C’est sauvage, la nature y est luxuriante, le décor est sublime. Hélas, des gros projets de constructions fleurissent près des spots et détruisent sur leur passage tout écosystème qui perturberait la vue ou les besoins des chantiers à venir... C’est triste.


Heureusement, on compte un certain nombre d’associations ou de communautés locales qui s’activent et éduquent à propos de la protection environnementale. Préservation de l’environnement par la réduction des déchets, l’éducation sur la surconsommation d'emballages ou contenants à usage unique, la protection d’espèces vivantes en danger... Les sujets abordés sont nombreux et c’est bien heureux. Le village s’est organisé pour le ramassage des déchets et la communauté a placé des poubelles pour chaque catégorie de détritus. Malheureusement certaines personnes ne respectent pas le concept et les déchets peuvent parfois stagner un bon moment. Mais globalement l’endroit est étonnament clean.
La qualité de vie ici est belle. Le temps passe plus doucement, il fait beau et chaud (parfois trop), les vagues viennent se briser devant nous tous les jours, les fruits sont sucrés, les gens disent bonjour et sourient. C’est cool. Les jours passent et les bonnes surprises s’accumulent. Récemment, je me suis mise à surfer sur un spot en particulier où trois tortues ont élu domicile depuis déjà des années. Elles sortent le bout de leur tête entre chaque set, une incroyable expérience à chaque fois. En ce moment, il n’est pas rare d’observer de loin les sauts des baleines qui viennent en visite au large ; le spectacle est ahurissant de loin, imaginez de près... Quand nous sommes partis en trip le long de la côte, nous avons traversés 3 états sur trois semaines. La chance d’être accompagnée d’un local m’a permis de profiter d’un récit sur l’histoire et l’actualité des endroits aperçus et visités, de quoi satisfaire toute la curiosité que le voyage engendre.
Je ne vais pas faire un exposé sur la présence et l’activité des narco trafiquants au Mexique mais j’aimerais aborder le sujet car il est réel, terrifiant, intéressant... Il démontre aussi comment plus d’une communauté survit à leurs assauts et conséquences et décrit une belle histoire humaine. Les politiques et la police locale ont baissé les bras face au poids des narcos et/ou sont corrompus jusqu’à l’os. Lorsque les narcos sont d’abord arrivés sur place, ils se sont installés de force et ont commencé à prétendre qu’une taxe obligatoire pour tout habitant local, du fermier au vendeur d’échoppes, aux familles vivants là, leur était due. Problématique lorsque les habitants du coin n’en ont pas les moyens. C’est à ce moment là que les menaces commencent, les violences aussi. Pendant un long moment leur quotidien devint un enfer. Une poignée d’hommes de différents villages commencèrent à se retrouver en secret pour débattre sur la manière adéquate pour se sortir de ce genre de situation. À ce moment naissait une alliance qui perdure encore aujourd’hui.
Un homme en particulier, étranger à ces communautés, vint apporter son aide, élaborer des plans d’actions et semer des graines quant aux tactiques à adopter pour reprendre le contrôle de la situation et de leurs terres. Les habitants s’armèrent, se révoltèrent, et par ce biais triste mais sans doute nécessaire, ils récupérèrent leur famille et leurs terres. Depuis, ils font des rondes et gardent l’unique route qui traverse ces villages, arrêtent les voitures, contrôlent les entrées et les sorties des passagers. Sans l’explication de toute cette histoire, il y a de quoi être intimidée lorsque l’on se fait arrêter au milieu de nulle part par ces hommes armés...
Les narcos sont toujours présents et restent une dure réalité au Mexique. S'ils sont une menace constante pour la sécurité et la viabilité d’un village déjà établi, ils n’attaqueront pas les touristes car ils en ont besoin pour vivre. Ils investissent d’ailleurs des moyens dans les infrastructures les concernant. Si les touristes sont contents, alors eux aussi. Voyager en sécurité au Mexique ne semble pas compromis à condition de respecter des règles de sécurité basiques : conduire seulement le jour, ne pas chercher à consommer de la drogue, ne pas faire n’importe quoi en soirée, ne surtout pas répondre agressivement à un conflit naissant...
Le Mexique est un pays immense et je n’ai encore rien vu. J’ai hâte de le découvrir. Si la décision de partir vivre loin de chez nous terrorise et impose de grands changements, il fait bon vivre au paradis.

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