LES CARNETS DE VOYAGE DE MARIBEL. CHAPITRE 6 : SURF TRIP EN INDE

LES CARNETS DE VOYAGE DE MARIBEL. CHAPITRE 6 : SURF TRIP EN INDE

Les carnets de voyage de Maribel. Chapitre 6 : Surf trip en Inde. 

 

"Formation terminée, diplôme en poche, le temps presse soudainement. L'océan me manque... La chaleur tropicale aussi. C’est le moment de prendre la direction du sud-ouest, next stop : l'état du Karnataka, dans un tout petit village de pêcheurs nommé Kodi Bengre. Il se situe sur une péninsule longue d'à peu près quatre kilomètres de long, et large de quelques centaines de mètres seulement. D'un côté, la rivière et la mangrove. De l’autre : 200m de sable à traverser. Les cocotiers semblent tout droit sortis d'un film cliché. Une petite route d'asphalte cabossée, puis à nouveau le sable et les cocotiers. Au bout l'océan, les dauphins et les (petites) vagues.

Sur cette péninsule se nichent une mosquée, cinq temples hindous et quelques églises. Tout ce petit monde cohabite en totale harmonie. Leur culture du mélange et du partage brille par son charisme et son authenticité, mais elle ne contribue malheureusement pas à l’amélioration des conditions des femmes dans le pays.

Quelle que soit la religion, on verra ici d'un mauvais œil toute femme allant se baigner, allant surfer, ou profitant du soleil. Elle risquerait de se blesser ou, trop exposée, d’avoir une peau trop foncée : signe de pauvreté. Le choc des cultures est grand. Il faut aussi savoir qu'il n'est pas dans la culture indienne de se baigner dans l'océan, ils auront plutôt tendance à rester naturellement à distance de celui-ci.

 

Cela complique — entre autres évidemment — l’expansion du surf féminin. Mais comme dans chaque histoire d'oppression, il y a des petits héros.

Des gens normaux, qui endossent un grand rôle. J'aurais la chance de rencontrer deux d'entre eux : Ishita Malaviya et Tushar Pathiyan, deux pépites locales. Originaires de Bombay, ils rêvent de surf et de Californie depuis tout petit, mais le surf, c’est à Manipal qu’ils vont le trouver. Dans cette ville proche de Kodi Bengre, où ils vont terminer leurs études. Ils découvrent les vagues vierges qui déroulent sur le sable de la mince péninsule. Ils se rendent alors compte du potentiel surf en Inde, un sport jusqu'ici totalement ignoré. C’est ici qu’ils loueront un local pour entreposer leurs premières planches achetées en 2007.

Rapidement, ils attirent l'attention des enfants du coin, des villageois et des pêcheurs. Une pensée se met à mûrir dans leurs esprits : et s’ils transmettaient leur passion ? Une source de motivation qui les amènera à transformer ce local en lieu habitable, pour eux, mais aussi leurs amis. On y donne les premiers cours de surf : le Shaka Surf Club était né. Au fil du temps et des rencontres, le surf sait se faire accepter de la quasi-totalité des villageois. Doucement mais sûrement, Ishita, Tushar et autres surfeurs de passage transmettent leur philosophie. Un message honnête, qui sous-entend l'impact positif et le potentiel de ce sport dans le développement de la région.

 

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Avec le temps, le club s’agrandit et le tableau aussi : sous les palmiers, un campement de tentes donne désormais sur la rivière. Un kayak y est amarré, prêt à aller faire un tour. Une slackline, des instruments, une poignée de hamacs… Il en faut peu pour faire de ce lieu un endroit de rêve. Au centre du décor, une grande table, elle aussi les pieds dans le sable, protégée des intempéries par un ancien parachute hérité de la guerre. Le local à planches est toujours là, il prend désormais part à une maison.

Le village prend finalement part au projet, fournissant la main-d’œuvre nécessaire à l’expansion du camp et améliorant ainsi la vie d'une belle poignée de familles environnantes. Leur relation semble plus familiale que professionnelle. Les enfants du coin viennent après l'école profiter du surf, du skate park flambant neuf et chillent avec les voyageurs de passage.

 

L’ambiance y est sereine, mais comme dans toute (r)évolution, il est question de batailles. Ishita et Tushar sont sans cesse confrontés à des obstacles plus ou moins effrayants. Corruption, personnes hostiles et complications politico-culturelles et sociales en tout genre… Les problèmes s’enchaînent et se résolvent, non sans une sacrée dose de diplomatie et de patience.

Le plan d'eau lui ne fait pas tant d’histoires. Lors de mon passage, il était d'huile le matin et les conditions très petites l'après-midi. Qu’importe. Une board, de l'eau chaude et un timide salut des dauphins suffisent à rendre cet endroit magnifique. Tout comme les gens souriant à chaque coin de rue et ces maisons colorées... Pas de vagues, mais vraiment, tout est pardonné.

 

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La « Shaka Vibe » est réelle. Indiens, occidentaux… Les voyageurs viennent de partout, et surtout : ils reviennent ! Ça chill, surf, skate, discute, peint, joue de la musique, grimpe aux arbres, pêche... C'est vraiment cliché, mais c'est cool. Ishita et Tushar sont deux personnes rayonnantes qui ne cherchent qu’à partager leur passion du surf. Ils font briller ce superbe endroit. Je recommande à tout surfeur débutant d'aller y faire un tour et de s'abandonner à la « slow life » un chaï à la main. Je le recommande aussi aux surfeurs confirmés. Lorsque les conditions sont réunies, elles peuvent changer l’avis que l’on peut se faire sur le surf en Inde." 

 

Pour en savoir plus sur le Shaka Surf Club : @ishita_malavyia & @theshakasurfclub !

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